En prenant dès les premières images le parti du flash back Valérie Donzelli déplace sciemment le sujet de la maladie vers celui des conséquences de cette maladie, conséquences à tous niveaux tant sur le plan affectif que social.
L'enfant est sauf nous dit le premier plan et jette ainsi le pathos qu'aurait pu charier le film vers une autre histoire: l'histoire d'un jeune couple en prise avec le cancer de leur premier enfant.
"La Guerre est déclarée" n'est donc pas un film sur la maladie, mais la déflagration de celle-ci sur un couple, Roméo et Juliette, à qui, comme tant d'autres, rien ne prédisposait à vivre cela.
"Vivre cela", comme un combat, une guerre à déclarer, leur donne pourtant un sentiment de vivre quelque chose d'unique, et à chaque fois qu'ils descendent un peu plus dans la noirceur de la maladie de leur enfant ils en découvrent le revers lumineux. La mort épouse la vie et ce film aborde cet interstice entre l'ombre et la lumière de très belle manière.
L'enfant dans son lit en cage, l'enfant avec sa charlotte trop immense, cet enfant s'en sortira, le couple non, comme si l'énergie folle déployée à croire les avait définitivement usés. Ils sont "détruits mais solides".
Le film est d'autant plus fort qu'il s'agit là de la propre histoire vécue par les 2 acteurs principaux qui arrivent, funambules, à ne jamais verser dans un pathos incongru.
Est-ce pour cela que beaucoup de seconds rôles ne semblent pas au même niveau?
Ce niveau porté dépasse l'auto-biographie romancée et l'on ne peut que saluer le jeu de Valérie Donzelli et Jérémi Elkaïm qui prennent aussi le risque de revivre cette douloureuse expérience ou peut-être était-ce le moyen d'exorciser à jamais ce passage de leur vie?
"La Guerre est déclarée" est un très beau film où la BO ne dégage aucune fausse note; on oubliera vite les charges un peu gratuites de la réalisatrice contre "un certain conformisme bourgeois" qui en soi n'apportent rien.
On suivra avec intérêt cette aventure nocturne où un couple revêt ses habits d'acteurs et semble revivre, enivrés, de ce qu'ils savent déjà: de la mort surgit la lumière.